Rencontrer le silence pour apprivoiser l’équilibre
Le silence fait partit de la vie. Pour prendre le temps de rien. Et laisser de la place pour le rien. Retrouver cet espace en soi qui existe loin du faire.
Je suis partie en exploration du rien du tout pour quelques jours. Une grande exploration de ce que c’est de RALENTIR totalement.
Comme vous vous en doutez, lorsqu’on laisse vivre le silence on y découvre des parties de soi derrière tout le bruit de la vie. C’est une histoire qui commence avec le désir de remettre plus de lenteur dans mon quotidien et qui se termine dans un besoin essentiel de silence. Pour moi, ça retrouve tranquillement tout son sens.
RALENTIR. Cette habitude à changer, c’est le résultat de plusieurs questions que je me pose depuis longtemps : comment fait-on pour créer de l’espace dans un quotidien chargé? Comment garder précieusement un espace pour s’énergiser et profiter pleinement de la vie? Comment trouver un équilibre entre le faire et l’être? Entre moi et la planète?
Dans ce grand schème d’essais et de leçons, j’ai trouvé quelques réponses. Des échos pratico-pratiques liés à cette question du comment. Le faire nous éloigne toutefois d’une question plus durable. La philosophie d’une vie LENTE (ou slow life), c’est le chemin que j’emprunte et qui laisse à chacun de trouver ses pas, son rythme, vers des solutions durables pour soi et pour l’environnement.
Pourtant, il ne faut pas oublier que ça prend un an avant qu’un changement d’habitude puisse se creuser une place au cœur de notre identité profonde. À ce moment-là, on encre quelque chose de concret et de durable. Et c’est dans une approche globale que le chemin vers un changement d’identité peut se construire : le pourquoi.
Le pourquoi était une question bien mystérieuse. Pourquoi vouloir tout ça? Oui, pour que ce soit en lien avec mes valeurs environnementales et mes besoins fondamentaux. Un mode de vie dans la simplicité est, pour moi, une solution durable à tous les égards. Si on s’arrête là, ça semble être tout beau. Il se cache toutefois autre chose. Au-delà de ça, pourquoi, moi, Catherine, est-ce que je souhaite créer cette vie?
Après m’être posé la question du pourquoi à maintes reprises afin d’aller au plus profond, jusqu’à ce que je ne puisse plus rien ajouter, j’en arrive à un constat qui m’a d’abord surprise. Une douce légèreté dans une sagesse de l’âme. Une réponse qui vient d’un coeur d’enfant. Vivre la paix. Est-ce que ça pourrait être si simple que ça, une raison de vivre?
Comme tout le monde, je vis de grands stress et des phases de fatigue qui s’éternisent. J’ai ressenti le besoin de m’éloigner du quotidien pour faire de la place à toutes ces intensités. J’ai rencontré ce besoin de silence. Et derrière la montagne d’épuisement, j’ai rencontré ce silence, bienveillant et presque sacré. Un espace de paix effervescent.
C’est dans les lieux de l’Ermitage de Warden que j’ai trouvé refuge pour vivre pleinement ce moment de douceur. Parmi les arbres de la forêt ancienne, accompagné par le murmure de la rivière et soutenu par l’accueil de Michel et Marie-Aurore (les propriétaires attentionnés), un véritable désir de vivre a pu renaître en moi. Ne vous méprenez pas dans ces mots. Mais vous le savez, lorsque la fatigue et le stress prennent le dessus, malgré tout ce qu’on peut faire pour se garder la tête hors de l’eau, l’enthousiasme et la joie perdent du terrain.
J’ai marché, j’ai écouté et j’ai observé, dans un grand silence (ou à peu près!), pendant 4 jours, pour laisser se déposer toute cette agitation à l’intérieur de moi. J’ai médité, j’ai respiré, j’ai fait l’expérience de tous les coins de la forêt. J’ai donné le droit à mon mental et à mon corps de se reposer. J’ai pris ce repos dans mes mains pour en prendre soin, comme on prend soin d’un enfant.
Dans les verts, les bleus, les fleurs et la lumière qui apparaît une fois les paupières fermées, j’ai contacté une part de moi que je cherchais depuis longtemps. Une part de moi (ou bien tout de moi) qui peut exister, tout simplement, sans avoir besoin de rien. Seulement une cabane pour se mettre à l’abri. Ni musique, ni lecture, ni écriture, ni réseaux sociaux ou nouvelles du jour, ni rien.
Finalement, le rien du tout ça goûte merveilleusement divin!
Il a des allures de magie, d’émerveillement et de spontanéité.
Est-ce que c’est le grand écart entre le silence de l’ermitage et le bruit de mon quotidien qui m’amène à vivre tout cela? Est-ce que c’est un moment puisé au coeur de ma vérité personnelle? Je pense que c’est un peu des deux. J’ai pu y goûter à quelque chose d’intemporel qui a pris son temps pour se construire en moi.
J’ai consciemment bâti, dans les dernières années, chaque morceau de ma vie pour refaire les connexions perdues et créer de nouvelles liaisons. Il y a en a eu du ménage à faire (et ce n’est certainement pas terminé)! Je peux le voir, maintenant, mon havre de paix, ma cabane de bois au fond de mon être. Ce lieu paisible, dans lequel me reposer pleinement – symboliquement. Un lieu sacré qui m’habite et que j’habite.
Il y aura des sentiers à entretenir, des planches à changer quand il le faudra, des fleurs sauvages à laisser grandir, des jardins à faire germer. Il y vit un silence qui traverse tous mes sens jusque dans ma nature profonde et sa simplicité.
Un endroit où je peux enfin vivre ma paix et accueillir tout de la vie, même si, au fond, je ne sais pas vraiment comment.
C’est avec un mélange de joie et de tristesse que j’ai quitté l’ermitage de Warden, avec la promesse d’y retourner (souvent).
Je vous souhaite à votre tour de faire cette grande rencontre poétique avec vous-même, ce voyage, qui prendra vos couleurs, du comment vers le pourquoi. Une expérience qui nous est offerte par le choix d’œuvrer dans une vie de plus en plus lente, vers notre rythme naturel et… durable!